L’Académie de Musique Saint-Grégoire est un  Institut de Musique Sacrée fondé à Tournai en 1878. À l’origine, elle porte le nom d’« École Saint-Grégoire ».

Sa création est liée au Mouvement Cécilien – courant liturgique de l’Église catholique né au dernier tiers du XIXe siècle –, dont l’objet est de rétablir la tradition du chant grégorien et de la polyphonie palestinienne, abandonnés au fil du temps en faveur d’une musique théâtralisée d’inspiration profane.

C’est ainsi que, dans l’Europe chrétienne, surgissent de nombreuses Écoles de Musique Religieuse.

À Tournai, ville épiscopale, la création de l’École Saint-Grégoire en 1878 s’inscrit dans ce cadre, avec pour dessein la formation d’organistes, chanteurs et chefs de chœur se destinant à la musique cultuelle. Ses fondateurs sont les chanoines Frédéric Maton et Victor Durez.

Cinq directeurs

Chanoine Frédéric Maton

Licencié en Théologie de l’Université de Louvain, diplômé du Conservatoire royal de Bruxelles où il a été l’élève de François-Joseph Fétis, le chanoine Frédéric Maton est le premier directeur. Au cours de son directorat, il rencontre César Franck, lors de son célèbre passage à Tournai en 1890, lequel témoigne son vif intérêt envers l’École Saint-Grégoire et apporte son soutien moral et artistique à son entreprise. Une attitude que réitèrera Vincent d’Indy (élève de Franck et fondateur de la Schola Cantorum à Paris), lors d’un passage musical à Tournai, au début du XXe siècle.

Chanoine Jules-Joseph Dedoncker

Au décès du chanoine Maton en 1893, la direction de l’École Saint-Grégoire échoit au chanoine Joseph-Jules Dedoncker. Spécialiste du chant grégorien, remarqué pour la qualité de ses prestations musicales lors du Congrès Eucharistique International de Tournai en 1906, il s’honore de l’estime de musiciens éminents – tels les compositeurs  Paul Tinel et Peter Benoit.

Le chanoine Dedoncker forme de nombreux élèves, parmi lesquels Abel Debourle et Jean Absil qui poursuivront leurs études musicales au Conservatoire royal de Bruxelles (Jean Absil devenant par la suite l’un des principaux compositeurs et pédagogues de son temps).

Il demeure à la tête de l’institution jusque l’avènement de la seconde guerre mondiale. Conséquence du bombardement de mai 1940, les locaux de l’École Saint-Grégoire sont anéantis et les cours cessent pendant la durée du conflit 

Chanoine Abel Delzenne

Après la guerre, en 1946, l’évêque de Tournai confie la direction de l’École Saint-Grégoire au chanoine Abel Delzenne. Diplômé du Conservatoire de Tournai où il a obtenu un Premier Prix de Contrepoint, futur maître de chapelle de la cathédrale de Tournai, Abel Delzenne réorganise les cours, prenant comme modèle l’Institut Lemmens à Malines. Homme d’initiative, il fait construire un orgue d’étude en 1949 par la Maison Delmotte. Afin de faire rayonner l’établissement, il crée les « Matinées de Saint-Grégoire ». Organisées entre 1948 et 1961 sous forme de séances musicales et de conférences, leur réputation s’étend du Nord de la France jusqu’à Bruxelles. Les compositeurs Jean Absil et Joseph Jongen, le pianiste André Dumortier, l’organiste Jean Langlais, les musicologues Dom Kreps et Charles Vandenborre – pour ne citer qu’eux – y participent.

Après trente-cinq ans d’activités au cours desquels il forme de nombreux élèves (dont certains poursuivront leurs études dans les Conservatoires royaux), le chanoine Delzenne prend congé de l’École Saint-Grégoire en 1981.

Henri Barbier

C’est à Henri Barbier, Premier Prix du Conservatoire royal de Bruxelles, organiste et maître de chapelle de la cathédrale de Tournai que l’évêque de Tournai confie en 1981 la direction de l’École Saint-Grégoire. Il constitue aussitôt une équipe de jeunes professeurs qui se répartissent les différentes disciplines. Au cours des années quatre-vingt se pose la question du financement de l’École, charge que l’Évêché ne souhaite plus assumer. Des démarches sont alors entreprises à l’initiative d’Henri Barbier, lesquelles aboutissent, en 1987, au classement de l’École Saint-Grégoire au rang des établissements reconnus et subventionnés la Communauté française de Belgique.

Appelé à d’autres charges professionnelles (Inspection de l’Enseignement Artistique de la Communauté française), Henri Barbier met un terme à ses fonctions directoriales en 1987.

Stéphane Detournay

Le classement de l’École Saint-Grégoire par la Communauté française modifie profondément, sinon l’esprit, du moins l’organisation de l’établissement qui prend alors officiellement le titre d’«Académie de Musique Saint-Grégoire ». C’est à cette tâche que s’attèle Stéphane Detournay, nouveau directeur de l’établissement, lequel prend ses fonctions en 1988. Organiste, Premier Prix et Diplôme Supérieur (Master) du Conservatoire royal de Bruxelles, docteur en Esthétique (musicologie) de l’Université de Lille-III, Stéphane Detournay sera par la suite, parallèlement à son activité au sein de l’Académie, professeur d’orgue au Conservatoire royal de Mons, conférencier au Conservatoire royal de Bruxelles et chargé d’enseignement à l’Université de Lille-III.

Après la nécessaire adaptation des cours consécutive à la reconnaissance de l’établissement par la Communauté française de Belgique en 1987, Stéphane Detournay conçoit une nouvelle organisation pédagogique et administrative destinée à  intégrer le Décret relatif à l’enseignement seconde artistique de 1998. Par la suite, afin d’organiser de nouveaux cours, il réitère cette démarche, laquelle aboutit en 2021 à un nouveau Décret de la Communauté française relatif à l’organisation particulière qu’est l’Académie de Musique Saint-Grégoire.

Son directorat se caractérise par de nombreuses réalisations : création de nouveaux cours, construction d’un deuxième orgue d’étude par la Maison Delmotte, collaboration pédagogique avec plusieurs Écoles fondamentales du Réseau libre de la Ville de Tournai, voyages d’études, visites d’ateliers de facture instrumentale, concerts thématiques, création en 2003 des « Conférences de Saint-Grégoire » (reprenant l’idée des « Matinées de Saint-Grégoire ») et du Périodique électronique « Le Courrier de Saint-Grégoire » en 1992.

Blason et devise

En 2022, l’Académie de Musique Saint-Grégoire adopte un blason et une devise.

Ses armes se blasonnent comme suit : « D’or à la croix pattée d’azur chargée d’un Saint Esprit d’argent ».

L’or et l’argent se rapportent aux couleurs de l’Église. L’azur est la couleur mariale (la cathédrale de Tournai est dédiée à la Vierge Marie et c’est à Tournai que l’École Saint-Grégoire a été fondée au XIXe siècle). La croix est le symbole de la foi chrétienne. Il s’agit d’une croix pattée, allusion à la Croix Byzantine qui, jusqu’à son vol en 2008, faisait partie du Trésor de la cathédrale de Tournai. Elle évoque également les origines orientales du chant liturgique romain. Viennent ensuite les cônes situés entre les bras de la croix. Ils dessinent la forme de la tiare papale, une allusion au Pape Grégoire Ier dont le nom est devenu le patronyme de l’École (puis Académie). Apparaît enfin la colombe, symbole de l’Esprit-Saint. Sa position inversée indique qu’il inspire âmes. La colombe établit une autre référence à Grégoire Ier : la tradition rapporte qu’il aurait copié le chant grégorien sous l’inspiration du Saint-Esprit (de nombreuses gravures anciennes le représentent écrivant au lutrin, la colombe près de l’oreille).

Devise

« Laudate Deum in voce et organo »

Inspirée du Psaume 150